Les 13èmes Journées scientifiques du CNFRA dédiées à la Recherche en Milieux Polaires se sont déroulées les 11 et 12 mai 2017, dans le grand Amphithéâtre de la Maison des Océans, Institut Océanographique, Paris.
Elles ont réuni près de 100 participants, jeunes chercheurs et chercheurs confirmés. 37 communications ont été présentées dont la qualité et la diversité disciplinaire témoignent de la vitalité de la recherche française en milieux polaires.
Nous avons pu cette année faire coïncider les Journées Scientifiques avec la réunion annuelle de la Zone Atelier antarctique et subantarctique dirigée par Marc Lebouvier et Yan Ropert-Coudert qui s’est tenue le 10 mai, également à la Maison des Océans. Cette Zone Atelier fédère des recherches à moyen et long-terme sur les modifications de la biodiversité et du fonctionnement des écosystèmes antarctiques et subantarctiques sous la double influence des activités de l’homme (introductions d’espèces, pêcheries...) et des changements actuels du climat, ces deux facteurs se trouvant souvent en interaction.
Cette réunion a donné une orientation « Sciences du Vivant » à nos Journées Scientifiques et facilité la présence de chercheurs spécialistes qui ont fait le point sur des sujets importants comme l’étude des interactions entre espèces dans un contexte spatialisé pour comprendre leur réponse aux changements environnementaux (Thierry Boulinier), l’instrumentalisation des éléphants de mer pour mieux observer et comprendre le fonctionnement de l’Océan austral (Christophe Guinet) ou encore les différentes techniques d’acquisition d’images (satellites, drones, cerfs-volants) utilisées pour observer la dynamique de la végétation, les colonies de vertébrés marins et leur dénombrement (Marc Lebouvier). Si l’apport de ces technologies de télé-observation est certain, elles mériteraient sans doute d’être encadrées par une législation plus précise.
Les jeunes chercheurs, doctorants ou post doctorants ont également présenté des travaux novateurs dans lesquels les outils de la biologie moléculaire et cellulaire, de la protéomique et de l’écotoxicologie intègrent les processus physiologiques dans les concepts de l’écologie et de l’évolution. De la biodiversité marine au renard arctique en passant par les manchots ou autres oiseaux, de nombreuses espèces ont été étudiées avec en trame de fond, les perturbations environnementales en cours dans les régions polaires et leurs conséquences sur la survie et la distribution de ces espèces.
La modélisation apparaît alors comme un outil incontournable et beaucoup de communications ont évoqué la fiabilité et l’amélioration des procédures.
Il en est de même dans le domaine des Sciences physiques où les modèles climatiques sont utilisés pour évaluer le bilan de masse de la cryosphère et le niveau des mers. Les travaux actuels présentés cherchent à minimiser les biais de ces méthodes en introduisant des corrections qui prennent en compte les interactions Océan/glace/atmosphère, les précipitations et bien d’autres facteurs complexes. Un nouvel outil numérique de cartographie nous a été également présenté ; Quantartica fournit un très grand nombre de données géo-référencées sur l’Antarctique, préenregistrées dans le logiciel.
L’Homme, acteur de ces recherches en conditions extrêmes, en milieux souvent isolés et confinés n’a pas été oublié dans les présentations. Des études qui visent le bien-être des individus, le maintien de la performance tant individuelle que du groupe ont été décrites.
Les Journées Scientifiques du CNFRA sont aussi un lieu d’échanges pour tout ce qui concerne la diffusion et l’enseignement des Sciences dites polaires. C’est dans ce cadre que nous avions invité Guillaume Lecointre et Annabelle Kremer pour nous parler d’un projet original de formation des enseignants à partir du terrain à Dumont d’Urville. Ce projet entre dans le concept de co-construction de pédagogies innovantes entre enseignants et chercheurs, développé dans les Maisons pour la Science.
Une autre expérience pédagogique d’échange entre des jeunes collégiens du Morvan et des jeunes collégiens du Groenland nous a été également rapportée.
La présence des responsables de l’IPEV, Yves Frénot et Pascal Morin est appréciée par les chercheurs qui peuvent discuter en direct des programmes en cours.
Nous nous réjouissons, comme chaque année, de la présence de représentants de APECS-France. Le rapprochement entre APECS-France et le CNFRA se consolide, il a été évoqué en même temps que d’autres actions prospectives lors de notre Assemblée générale qui s’est déroulée le 11 mai.
Un atelier APECS « Comment améliorer ses performances à l’oral » a réuni une dizaine de participants autour des différents thèmes : faire passer un message, gestion du stress, construction d’un diaporama, les outils disponibles etc..., présentation suivie par un débat/questions sur la médiation.
Et pour terminer nos Journées Scientifiques, le Prix Roland Schlich a été attribué à Salomé Fabri-Ruiz après une délibération difficile du jury compte tenu de la qualité des présentations des jeunes chercheurs.
Salomé a été grandement félicitée pour sa brillante communication : « Amélioration des modèles de distribution d’espèce à large échelle ». Le CNFRA lui attribuera un soutien financier (frais d’inscription ou équivalent voyage/hébergement) pour participer à l’Open Science Conference du SCAR à Davos en 2018.